Podcast | Les déchets électroniques menacent l’environnement et la santé, alerte l’ONU
À l'ère de l'Anthropocène, les activités numériques entraînent une augmentation exponentielle de la consommation d'appareils électroniques, qu'il s'agisse de smartphones ou d'ordinateurs portables. Celles-ci provoquent une hausse sans précédent des déchets électroniques qui présentent non seulement des risques environnementaux importants, mais mettent également en péril la santé humaine dans le monde entier.
L'équivalent de plus de 6 000 tours Eiffel de déchets électroniques dans le monde
La prolifération des déchets électroniques est une véritable catastrophe écologique. Le dernier rapport des Nations Unies estime leur masse à 62 millions de tonnes en 2022 dans le monde, soit l'équivalent de plus de 6 000 tours Eiffel. Ce chiffre alarmant augmente cinq fois plus vite que le taux de recyclage, ce qui met en lumière une grave crise en matière de durabilité.
Les déchets électroniques englobent un large éventail de produits électroniques mis au rebut, allant de petits articles, comme les cigarettes électroniques et les tablettes, à des appareils plus volumineux comme les écrans de télévision, les vélos électriques, les serveurs ou encore les baies de stockage.
Une situation sans précédent, aux lourdes conséquences
Une déclaration du Docteur Cosmas Zavazava, directeur du Bureau de développement des télécommunications de l'UIT (Union Internationale des Télécommunications), souligne la gravité de cette situation, en insistant sur le défi croissant que représentent les déchets électroniques à l'échelle mondiale. Les risques pour l'environnement et la santé sont considérables, étant donné que les déchets électroniques contiennent des additifs toxiques et des substances dangereuses, notamment du mercure. Ils figurent parmi les déchets les plus dangereux que deux directives européennes, RoHS et DEEE, essayent de contenir et de réduire drastiquement depuis les années 2002.
Il est intéressant de noter que les métaux tels que le cuivre, l'or et le fer constituent la moitié des 62 millions de tonnes de déchets électroniques, dont la valeur est estimée à 91 milliards de dollars. Cela met en évidence non seulement le défi environnemental, mais aussi l'opportunité économique perdue en raison de l'insuffisant recyclage de ces déchets. À ces déchets électroniques, il convient d'ajouter les déchets plastiques associés qui représentent 17 millions de tonnes. Le reste est constitué de composites et de verre, ce qui souligne la diversité de la composition des matériaux des déchets électroniques.
Le rapport des Nations Unies met en lumière les disparités flagrantes
Le rapport des Nations Unies met en lumière les disparités flagrantes en matière de production et de recyclage des déchets électroniques dans le monde. Par exemple, un Européen produit environ sept fois plus de déchets électroniques qu'un Africain. Cependant, seuls 22% de tous les déchets électroniques ont été correctement collectés et recyclés en 2022, un chiffre qui devrait tomber à 20% d'ici la fin de la décennie en raison du fossé qui se creuse entre les efforts de recyclage et l'augmentation de la production de ces déchets. AdVaes a soulevé cet enjeu dans une note d'analyse dédiée notamment aux défis à relever sur ce registre par tous les acteurs du secteur du numérique.
Les pays en développement, en particulier en Afrique, sont les plus touchés par ces problèmes, avec des taux de recyclage et de collecte qui ne dépassent pas 1%. Le manque d'infrastructures et d'installations de recyclage formelles laisse souvent les travailleurs dans des environnements informels, les exposant à des conditions dangereuses sans protection adéquate.
Peu de pays avec des lois et des objectifs de recyclage
Alors que près de la moitié des déchets électroniques du monde sont produits en Asie, peu de pays ont établi des lois ou des objectifs pour le recyclage des déchets électroniques. L'Europe se distingue avec des taux de recyclage et de collecte atteignant 40%, ce qui témoigne d'une approche plus structurée de la gestion des déchets électroniques. Toutefois, comme le souligne Kees Baldé, scientifique au sein de l'UNITAR (United Nations Institute for Training and Research) et contributeur principal du rapport de l'ONU, le recyclage des déchets électroniques répond à moins de 1% de la demande d'éléments essentiels des terres rares, ce qui constitue une grave lacune dans la lutte contre la crise des déchets électroniques.
Accéder au rapport de l'ONU "The Global E-waste Monitor 2024"
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